Visite d’une cité de traditions autour de la céramique

Dimanche 1er avril, vingt curieux se retrouvent pour la visite de la Manufacture nationale de Sèvres et le Musée national de la Céramique. Non, ce n’est pas une blague ! Depuis 2010, ces deux entités sont réunies en un établissement public administratif du ministère de la Culture et de la Communication, Sèvres – Cité de […]

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Dimanche 1er avril, vingt curieux se retrouvent pour la visite de la Manufacture nationale de Sèvres et le Musée national de la Céramique. Non, ce n’est pas une blague !

Depuis 2010, ces deux entités sont réunies en un établissement public administratif du ministère de la Culture et de la Communication, Sèvres – Cité de la Céramique. Le groupe que nous constituons, anciens, amis et résidents, de 20 à 80 ans, est accueilli par Nadine, notre guide-conférencière.

Nous commençons le parcours par un peu d’histoire.

Le terme générique de céramique désigne l’ensemble des objets fabriqués en terre qui ont subi une transformation physico-chimique irréversible au cours d’une cuisson à température plus ou moins élevée. Le mot d’origine grecque keramos signifie « argile ».

La porcelaine française remonte au temps de Louis XV. La Manufacture est fondée en 1740 à Vincennes puis déplacée en 1756 à Sèvres. Elle a pour mission de produire des objets d’art en porcelaine grâce à des techniques rigoureusement manuelles.

Ce savoir faire unique, transmis de génération en génération depuis le 18ème siècle, permet aujourd’hui encore de produire la porcelaine à Sèvres. La porcelaine se caractérise par la blancheur de sa pâte et souvent par l’emploi d’une couverte transparente. On reconnaît une porcelaine à sa translucidité. Il existe quatre types de pâtes à Sèvres : la dure (datant du 18ème siècle), la tendre (une variante phosphatique de celle du 18ème siècle), la nouvelle (vers 1882) et la blanche (conçue en 1965). Nadine insiste sur l’importance du kaolin, composante principale de la pâte dure. Elle lui donne sa blancheur. Le quartz lui assure sa translucidité et le feldspath lui confère sa solidité.

L’émail, qui contient de la pegmatite et du quartz, donne l’aspect éclatant aux objets. A chaque pâte correspondent des émaux, des couleurs et des cuissons. Toutes les couleurs de Sèvres sont fabriquées sur place, en laboratoire, à partir d’oxydes métalliques. On apprend que le rouge est une couleur difficile à obtenir. Sa pose intervient en dernier. La pose du bleu se fait à 1360° C. C’est une couleur dite de grand feu. Le rose est à base d’or, le bleu, d’argent, et le noir, de platine.

Nous ne sommes pas étonnés d’apprendre qu’une assiette en porcelaine de Sèvres peut coûter 2 000 euros l’unité alors que sa fabrication peut représenter jusqu’à 6 mois de travail. Aux pigments de couleur s’ajoute souvent un métal précieux. Le plus utilisé est l’or pur à 24 carats, provenant d’un lingot réduit en poudre au laboratoire.

Une artisane nous initie au processus de petit coulage pour la fabrication d’une théière en porcelaine. « Tout commence par le dessin d’exécution », nous dit-elle, « car il permet de respecter les dimensions des pièces qui composent la théière ».

Et puis, il y a la production du moule en plâtre. A partir du modèle, elle tire des moules qui permettent de façonner les objets en porcelaine. A notre grand étonnement, on apprend que l’objet peut subir un retrait de 16 % après la cuisson. Une donnée très importante pour assurer la conformité de l’ensemble des pièces.

La séance de démonstration terminée en atelier, Nadine nous emmène vers l’espace qui abrite les fours (anciens et nouveaux). Aujourd’hui, la cuisson est assurée par deux fours à gaz dont la température est contrôlée par une armoire électronique. Celle-là peut monter jusqu’à 1380 °C. A quelques mètres de là, des fours d’époque, six en tout, dominent les lieux. Ils sont en briques de forme ronde et d’une hauteur de 10 mètres environ. L’un d’entre eux sert de manière occasionnelle. Le bois utilisé selon la tradition est le bouleau.

Place ensuite à la visite du Musée, qui abrite la plus riche collection de céramique au monde : 50 000 objets de céramique, dont près de 5 000 porcelaines de Sèvres. A côté des terres cuites et vernissées, la faïence, le grès, la porcelaine, les vitraux, les émaux peints et la verrerie complètent ce vaste panorama des arts du feu.

Sèvres préserve un savoir-faire traditionnel mais renoue également avec le présent en dédiant un espace à la création contemporaine où de nombreux artistes et designers viennent travailler et exposer. C’est sur une note moderne, donc, que se termine la visite de la Cité de la Céramique.


par Zarouhi Odabashian

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