Le Dr Diarra Abdoulay Mohamed a résidé dans La maison de l’Asie du Sud Est de 1999 à 200. Il est aujourd’hui consultant.Il nous fait le privilège de témoigner sur son passage à la CIUP.
« Si ma culture est issue du Niger où j’ai grandi, elle a encore mûri et s’est développée en France. Je voudrais dire combien le chemin fut enrichissant, mais difficile.
Après avoir achevé une Maîtrise en Etude Arabe à l’Université de Say au Niger en 1997-98, où j’ai rédigé un mémoire « Mederssa Sabilou Alfalah et son rôle dans l’expansion de la culture arabe et musulmane au Niger », j’ai obtenu une bourse d’enseignement supérieur pour poursuivre mes études à l’INALCO de Paris où j’ai repris deux ans d’études universitaires pour obtenir un licence et une Maîtrise en Langue, Littérature et Société en 2000 après avoir présenté un travail de recherche que j’ai soutenu en mémoire sur le thème : « L’enseignement arabo-islamique au Niger après l’indépendance en 1960 ».
Je résidais à la Cité Universitaire de Paris que j’ai connue par l’intermédiaire d’un ami François Hequet ; ce dernier m’a invité à aller manger au restaurant et je suis tombé amoureux de la Cité, de son univers harmonieux et de sa diversité.
Une fois ma candidature validée par la Commission d’admission, on m’a orienté vers la Maison de l’Asie du Sud Est où je suis resté deux ans (1999-2001). Je faisais partie du comité d’animation, nous avons fait bouger la Maison. Nous avons organisé des voyages pendant les vacances scolaires en France et en Europe. C’était génial !!! Le directeur de la Maison, à l’époque Monsieur Dubacq, nous a beaucoup soutenus. Il résidait lui-même dans la Maison.
Le début de mon séjour à la Cité U m’a donné la possibilité de poursuivre mon travail de recherche sur le monde religieux, notamment les nomadismes et les enfants des confréries, en passant par la délinquance en Afrique et ses conséquences sur l’immigration, tout particulièrement en France. Ce travail m’a permis de me référer aux sources européennes et françaises qui, bien qu’étant réduites en nombre, par rapport à mon thème, sont presque toujours des témoignages uniques d’une très grande importance.
A l’issue de ce travail de maîtrise, j’ai constaté que l’Afrique noire a connu par le passé de grands savants marabouts, ce constat m’a motivé à présenter un DEA en 2003 puis un doctorat en 2009 à l’Université Paris 8.
Au cours de mes différentes enquêtes, j’ai obtenu plusieurs entretiens avec la population dans le milieu rural et urbain, avec des marabouts, des talibés et des enfants délinquants de la rue.
Après plusieurs rencontres avec des dizaines d’enfants, j’ai fait des constats et des analyses. Je me suis rendu compte que la plupart d’entre eux viennent des villages des régions avoisinantes. Leurs objectifs ne s’arrêtent pas à la quête de nourriture car ils recherchent du travail et l’obtention d’une formation manuelle pour pouvoir aider leurs parents.
De là est venue l’idée de créer, en 2004, une ONG au Niger, baptisée « Assistance aux enfants de la Rue » (www.ong-aer.org), dans le domaine de la formation (alphabétisation, menuiserie, mécanique, couture, etc.), afin de donner une seconde chance à ces enfants.
C’est pourquoi, à mon retour à Paris en 2005, parallèlement au résultat positif de mes enquêtes de terrain me permettant de mener à bien la rédaction de ma thèse, j’ai créé une association à Paris pour alimenter l’ONG du Niger. J’ai mis en place un système de collecte dans les domaines vestimentaire, médical et financier. Comme je vivais en France, nous avons élargi notre projet en aidant à l’insertion des enfants nouvellement venus en France afin de faciliter la prévention et améliorer leur intégration à la vie française. Il s’agissait dans le cadre de la politique de la ville de venir en aide à ces enfants d’immigrés dans notre département des Hauts de Seine (92) afin qu’ils ne sombrent pas dans la délinquance.
J’ai donc initié une pratique de soutien pédagogique à domicile ainsi que des groupes de paroles autour des difficultés rencontrées par les familles immigrées, particulièrement dans le cadre de la scolarité.
L’analyse que j’ai eu à développer dans le cadre de mon travail de thèse est basée sur le mode de fonctionnement des marabouts au Niger, leurs activités et productions, à partir d’entretiens avec différents genres de marabouts : marabouts nomades et sédentaires, thérapeutes, poètes, commerçants, agriculteurs, célébrant des baptêmes, des mariages ou des funérailles.
Pour financer mes études, je travaillais en parallèle, dans un collège en ZEP (Zone d’éducation prioritaire). Mon travail consistait à encadrer et guider, mais aussi contenir, les jeunes en difficulté.
Je les sensibilisais à la scolarité, surtout dans le SEGPA avec les jeunes nouvellement arrivés de leurs pays (Afrique du Nord et Afrique Noire, Pays de l’Est).
Ma qualité de chef de projets de l’association AER, Assistance aux Enfants de la Rue, et mes fonctions professionnelles, m’ont amené, de plus en plus, à gérer les problèmes spécifiques aux enfants dans leurs familles et dans leurs pays d’origine.
La méthode de notre Association est une approche culturelle, éducative (orientation vers la formation) et pédagogique, personnalisée pour chaque enfant.
Après avoir obtenu le titre de grade Doctorat, je peux dire que je suis heureux d’avoir fait mes études universitaires à Paris et d’avoir séjourné à la Cité Universitaire de Paris, puis à la résidence Jean Zay d’Antony pendant mes dernières années d’études universitaires. J’ai l’intention de continuer mon travail de recherche à l’IRSH du Niger (Institut de Recherche en Sciences Humaines).
Je suis actuellement Consultant au Cabinet International de Consulting (NIC).
Je me rends à la cité à l’occasion de différentes portes ouvertes de certaines Maisons notamment autour d’un petit déjeuné. Je compte également revenir à la Cité dès que possible avec des projets pour partager avec les résidents de l’Asie du Sud Est.
J’ai toujours gardé la relation avec des amis de la Chine, de l’Afrique et d’autres pays. Je corresponds aussi avec des amis français et étrangers qui travaillent actuellement à Paris.
Transmettre les valeurs de la Cité fait parti de ma priorité, mon séjour à la cité a été tellement enrichissante dans le domaine humaniste et universaliste que cela mérite d’être diffusé dans le cadre de mes activités de consulting. »
Sa première publication (mai 2009)
Dr Diarra Abdoulay Mohamed
Variations er diversités éducatives au Niger
Sous la direction d’ Olivier Meunier
Si les auteurs de cet ouvrage considèrent l’éducation scolaire nécessaire, ils s’interrogent sur la pertinence des moyens employés et l’hétérogénéité des projets mis en œuvre. La distance entre les réalités socioculturelles des populations et les objectifs des bailleurs de fonds ne permet pas toujours au Niger de disposer pleinement d’un système éducatif qui corresponde à ses besoins réels.
ISBN : 978-2-296-08583-1 • mai 2009 • 240 pages
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