Jean-Luc MAGNERON, est un metteur en scène de théâtre et de cinéma . C’est un ancien résident de la Maison des Provinces de France (1954-1957). Il a également été responsable du groupe théâtral de la Cité.
Jean-Luc MAGNERON était né en 1935 dans une famille poitevine et, poussé par une évidente vocation, s’était engagé très jeune dans l’étude des arts du spectacle. Une bourse de mise en scène l’avait conduit aux Etats-Unis afin de parfaire des études de socio-psychologie et de filmologie. Il fonda ensuite et dirigea un temps le Centre International du Théâtre expérimental, et signa de nombreuses mises en scène à Paris, en Algérie et aux Etats-Unis.
Parallèlement, il devenait réalisateur de films et, à travers la liste de ses oeuvres, on devine chez lui, dès le début de ses créations, le goût de l’étrange, de l’insolite et du sacré avec, notamment, un film tourné en Laponie pour la TV américaine et une « Danse du Serpent » tournée chez les Indiens Navajos. Mais déjà l’Afrique le tente et voici bientôt un film sur les danses d’initiations en Haute-Guinée, un autre en Mauritanie et un « Demain l’Afrique», long métrage sur la jeunesse africaine.
Prime ,et label du Centre Nationale de la Cinémathèque reconnaîtront la qualité de ces œuvres.
Viendra ensuite un extraordinaire long métrage sur les secrets initiatiques du Vaudou au Dahomey : « VAUDOU, entre vivants et morts, le SANG », qui lui vaudra le grand prix du Festival de Florence en 1966.
On ne s’étonnera pas de le voir, cette même année chef de mission de l’OCORA à Libreville et Directeur de la Télévision naissante du Gabon pour laquelle il réalisera trois films, dont « Le culte de la déesse» sélectionné pour le Festival de Monte-Carlo et de nombreux documentaires et reportages.
Revenu en France, il produira cinq films pour le Service de la Recherche de l’O.R.T.F. dont l’un, « La poésie Arabe» le conduira à nouveau outre-Méditerranée.
Il réalisera ensuite « Clin d’oeil à la mort», moyen métrage en couleurs sur les cascadeurs et les cascadeuses avec lesquels il avait d’évidentes affinités.
Il produira encore – outre diverses émissions littéraires – « Société secrète au Gabon », « Féticheurs d’Afrique Noire », « Les fils des Nuages».
En 1975, ce sera « Une Cité pas comme les autres« , produit par l’Alliance, la S.F.P. et FR 3, suivi par un documentaire très remarqué à sa sortie en 1977: « Miracle aux Philippines ».
Sa dernière oeuvre sera consacrée à la recherche des sources et des avatars d’un art martial ésotérique, né en Extrême-Orient et donnera un film puissant et étrange « Le Kung Fu Wu Su ».
Le tournage le conduira de Paris à New-York à Hong-Kong à Taïwan, à Singapou, à Penang et à Kuala Lumpur : un voyage épuisant qui se terminera par sa maladie et par sa disparition.
Une Cité pas comme les autres
(en couleurs, d’une durée d’une heure, réalisé en juin 1975 par Jean-Luc MAGNERON, et projeté en France, au Japon, en Hollande)
« Le plus beau métier des hommes c’est d’unir des hommes. » – Saint-Exupéry.
L’idée de ce film est née lors de nos rencontres à l’étranger avec d’anciens résidents de la Cité Universitaire : l’observation maintes fois confirmée, de l’importance que ces séjours ont eu dans l’orientation de leur pensée et de leur vie, l’attachement qu’ils conservent fidèlement à Paris et plus spécialement à la Colline de Montsouris nous, ont paru justifier notre initiative. Nous pensons ainsi contribuer a une oeuvre qui, sans bruit, se poursuit depuis 50 ans.
Il nous a semblé qu’à l’époque où les hommes de toute la planète doivent, affronter des problèmes communs, les techniques audio-visuelles étaient tenues de se mettre au service d’une oeuvre unique dans sa forme, une oeuvre que le monde envie à Paris.
Chaque année, des milliers de jeunes gens et de jeunes filles retournent dans leur pays d’origine après avoir découvert les problèmes d’autrui et la tolérance dans ce creuset de l’amitié qu’est la libre communauté du boulevard Jourdan. Combien sont-ils maintenant, essaimés dans le monde ? Plus de 200.000 (plus de 400 000 en 2015), marqués profondément par leur séjour international aux portes d’un Paris toujours accueillant, aux idées généreuses.
Leur carrière prestigieuse ou modeste en a fait des chefs d’Etats, de hauts fonctionnaires nationaux ou internationaux des hommes politiques, des éducateurs, des médecins, des hommes de lettres, des avocats, des architectes, des ingénieurs des artistes des comédiens, des cinéastes comme les auteurs de ce projet.
Pourtant, tous gardent la faculté de s’émouvoir au souvenir au parfum de liberté, des années de jeunesse passées à la Cité. Nous voulions donner à certains d’entre eux, aussi divers que leurs origines et leurs professions, l’occasion de réfléchir à la part que la Cite internationale a eue dans la trame de leur destin.
L’occasion aussi de trouver leur avis sur les évolutions nécessaires afin que l’oeuvre, dans la libre confrontation des idées, ouvre toujours davantage l’esprit de leurs successeurs à plus de tolérance et de raison. Nous souhaitons également connaître l’attitude des « Anciens » face à certains problèmes fondamentaux de l’humanité, persuadés que, malgré des divergences politiques et socio-culturelles apparentes, ils doivent avoir pour l’essentiel des options communes.
Un tel dialogue cinématographique par sa liberté, sa spontanéité, peut sans doute contribuer à approfondir une communion internationale véritable. A ce dialogue nous voulons, bien sûr, convier les actuels résidents, filmés sur le vif dans le cadre admirable de cette Cité internationale universitaire de Paris qu’un bref historique situerait dans l’espace et dans le temps.
Ce faisant, nous sommes persuadés de rendre hommage aux créateurs de cette oeuvre unique et de servir la cause des hommes de bonne volonté et des multitudes qui n’aspirent qu’au bonheur et à la paix. Dans cet espoir, nous pourrions peut-être conclure en donnant la parole à Léopold Sedar Senghor :
« La Cité Universitaire de Paris, quelques mots et tout un monde magique se lève dans ma mémoire. Je ne dirai jamais assez tout ce que je lui dois. Elle m’a appris à l’âge où l’homme est sans préjugés, à connaître les hommes des autres races et continents. Un internationalisme qui n’est pas aliénation de soi tout au contraire. »
présentation d’une Cité pas comme les autres par Vladimir BIBIC (Cinéaste acteur – ancien résident de la Fondation de Monaco 1962-1965) en 1979 dans le Bulletin de l’Alliance
0 comments